Le Songô est une fête traditionnelle dans le village de Yézimala situé dans la
région du Gontougo, à l’Est de la ville de Bondoukou, plus précisément entre la commune de Bondoukou et la
Sous-préfecture de Laoudi-Ba, sur l’axe Bondoukou-Bouna
Yézimala compte quatre (4) quartiers
représentants les quatre (4) groupes ethniques en présence dans le village que
sont les Koulango du clan Amigno (quartier Amigno), les Nafana du clan Gan
(quartier Gan), les Sogovanyô du clan Sogovagne (quartier Sogomeni) et les
Abron du clan Zougouman (quartier Zougouman). Tous ces groupes sont placés sous
l’autorité de chefs de clans qui exercent aux cotés d’un chef central issu du
clan Amigno, descendant de l’ancêtre fondateur Sawalè-Sangbôkô. 18 autres villages lui sont coutumièrement rattachés.
L'ensemble de toutes ces communautés se retrouvent chaque année dans le cadre d'un événement traditionnel inédit qui est le Songô.
La fête du Songô tire ses origines d’un fait historique en rapport avec la
fondation du village de Yézimala. Il s’agit de la disparition mystérieuse de la
sœur de l’ancêtre Sawalè-Sangbôkô, du
nom de YAWA Tchéssouba. En effet, la légende enseigne
qu’une fois arrivé
sur le site actuel de Yézimala, Sawalè-Sangbôkô (fondateur du village) vivait avec sa sœur et quelques individus formant sa communauté. Mais un jour, s’étant déplacé un peu, il revint trouver que sa sœur a disparu. C’est alors que le peuple se mit à sa recherche par des cris d’appels, espérant que la disparue réagisse pour pouvoir la localiser au cas où elle serait perdue dans la forêt. Toutes les recherches resteront infructueuses jusqu’à ce qu’une semaine plus tard une voix se fasse entendre quelque part dans la brousse, en réaction aux cris des guerriers commis à cette tâche. La peuple converge alors sur les lieux et trouve effectivement la sœur du chef vivante sur place. Cependant, elle leur explique que là où elle se trouve est sa fin, car elle ne retournera plus au village, mais rentrera plutôt vivante sous la terre ; ce qui se fit effectivement aux yeux du peuple qui a pu témoigner de cette disparition par l’indice de son poignée resté visible. Toutefois, avant de disparaître, elle recommanda qu’une fête de réjouissance populaire soit célébrée chaque année à la même période et au même endroit pour commémorer le mystère de cette entrée vivante sous terre, dans l’intérêt du village notamment pour rendre agréable la vie, purifier et sanctifier le peuple. C’est ainsi que par respect à cette volonté, la fête du Songô fut instituée non seulement en souvenir de l’évènement, mais aussi pour demander la bénédiction et la protection des mânes. « Songô » qui est la déformation de l’expression ‘‘San gô’’, en langue Koulango, veut dire littéralement « entrée sous la terre ».
sur le site actuel de Yézimala, Sawalè-Sangbôkô (fondateur du village) vivait avec sa sœur et quelques individus formant sa communauté. Mais un jour, s’étant déplacé un peu, il revint trouver que sa sœur a disparu. C’est alors que le peuple se mit à sa recherche par des cris d’appels, espérant que la disparue réagisse pour pouvoir la localiser au cas où elle serait perdue dans la forêt. Toutes les recherches resteront infructueuses jusqu’à ce qu’une semaine plus tard une voix se fasse entendre quelque part dans la brousse, en réaction aux cris des guerriers commis à cette tâche. La peuple converge alors sur les lieux et trouve effectivement la sœur du chef vivante sur place. Cependant, elle leur explique que là où elle se trouve est sa fin, car elle ne retournera plus au village, mais rentrera plutôt vivante sous la terre ; ce qui se fit effectivement aux yeux du peuple qui a pu témoigner de cette disparition par l’indice de son poignée resté visible. Toutefois, avant de disparaître, elle recommanda qu’une fête de réjouissance populaire soit célébrée chaque année à la même période et au même endroit pour commémorer le mystère de cette entrée vivante sous terre, dans l’intérêt du village notamment pour rendre agréable la vie, purifier et sanctifier le peuple. C’est ainsi que par respect à cette volonté, la fête du Songô fut instituée non seulement en souvenir de l’évènement, mais aussi pour demander la bénédiction et la protection des mânes. « Songô » qui est la déformation de l’expression ‘‘San gô’’, en langue Koulango, veut dire littéralement « entrée sous la terre ».
Dans la
pratique, la fête du Songô consiste en des rituels et adorations, des danses
traditionnelles, des faits et gestes et des manifestations mimant la scène des
recherches et tout ce qui a eu lieu pendant la disparition de la sœur du chef
fondateur, jusqu’à ce qu’elle soit retrouvée.
Quelques unes des particularités
de la célébration est que le maïs est l’aliment phare consommé le jour des
festivités, sous la forme de Zougô ou Kabato accompagné de sauces arachide et
graine, avec à l’appui une boisson traditionnelle fermentée faite à base de
maïs également que l’on appelle communément tchakpalo. C’est certainement pour
cette raison que d’aucuns assimilent le Songô à la fête du maïs, surtout que
l’environnement naturel du village se veut si propice à cette culture qu’à tous
les carrefours l’on peut constater la beauté avec laquelle germent et se
développent les plans de maïs.
Mais en réalité, cette disposition s’explique
par le simple fait qu’à l’arrivée de l’ancêtre Sawalè-Sangbôkô, l’igname n’existait pas. Ainsi, seuls le maïs, le
fonio et le sorgho étaient consommés. Toutefois, le maïs était le plus
accessible et disponible. C’est pourquoi cet aliment est essentiellement
utilisé pendant la fête pour célébrer aussi cette culture qui a permit la
subsistance de Sawalè-Sangbôkô et les
siens. Aussi, la consommation de la nouvelle igname est normalement interdite,
car selon la tradition, il faut attendre la fête du Songô qui autorise l’entrée
de la nouvelle igname, avant d’en consommer. Celle-ci intervient après le
Songô. Enfin, toute la durée des festivités, des drapeaux de couleurs diverses
sont hissés à travers le village, pour symboliser la joie et la fête.
II – PÉRIODICITÉ DE LA FÊTE
Le Songô est une fête
annuelle qui se tient généralement dans la première quinzaine du mois d’août,
sur une semaine. La détermination de la date précise se fait par référence à
des événements naturels, notamment la période des feux de brousse qui intervient
en janvier. A partir de cette période, l’on compte huit (8) mois sur la base du
calendrier traditionnel Koulango de six (6) jours, avant de fixer le jour
précis des festivités. Cette tâche est exclusivement commise au chef central et
le chef Nafana Gan et leurs différentes notabilités. Le jour des festivités
doit correspondre impérativement au djirissangô et intervient deux (2) semaines
après la réunion des sages, soit après le Saléssi (1er djirissangô)
considéré comme marge raisonnable et tolérable. Aussi, la fête ne se fait
jamais dans la période du jeûne musulman. En cas de coïncidence, soit
l’évènement est célébré avant ou alors reporté après le jeûne, car selon les
alliances matrimoniales, les musulmans se trouvent être les beaux-frères et
gendres des Koulango. Dès lors, l’on ne saurait fêter pendant que les filles et
sœurs sont en jeûne avec leurs époux. Aussi, un groupe très impliqué dans la
célébration, notamment le clan Sogomeni, se trouve être foncièrement islamisé.
Dès lors, ceux-ci ne sauraient participer aux festivités pendant qu’ils sont en
jeûne, d’où cette restriction.
III
– DÉROULEMENT DE LA CÉLÉBRATION
Les
festivités officielles du Songô, dans sa phase purement traditionnelle, se
tiennent sur un seul jour. Mais bien avant, à la veille, le chef central envoi
des émissaires dans tous les villages placés sous son autorité coutumière, pour
prendre des volailles qu’il doit offrir en sacrifice de purification aux mânes.
Chaque village doit obligatoirement donner une volaille pour la circonstance. Il
se dit que les émissaires ne doivent pas dormir dans les différents villages
qu’ils parcourent. Ils doivent impérativement revenir avec les volailles reçues,
peu importe l’heure. Le soir de la veille et le matin de bonne heure du jour J,
autour de 5h du matin, les veuves pleurent leurs défunts maris. Mais avant ces
moments de pleurs du soir et du matin, des tams-tams sont battus, au rythme du
slaon (danse sacrée du Songô) qui fait le tour de certains sites, pour annoncer
l’évènement et ordonner aux veuves de rappeler les souvenirs et l’esprit de
leurs défunts maris à travers les pleurs. Les instruments utilisés pour cette
danse sont deux (2) tams-tams dont un (1) gros et un (1) petit et deux (2)
balafons dont un (1) gros et un (1) petit également. Quand la danse arrive dans
la cour du chef, on procède aux sacrifices des volailles réceptionnées dans les
différents villages coutumièrement rattachés. Après les pleurs du matin, les femmes,
dans chaque famille, s’activent à la préparation du Zougô fait à base de maïs
blanc accompagné de sauce arachide, pour adorer les mânes. Ces adorations se
font par concession ou quartier. Ainsi, le repas de rituel de chaque famille
est acheminé dans la cour du chef de la concession d’appartenance. Le reste des
repas de rituels est donné aux enfants qui les savourent avec faste et entrain.
Les femmes s’activent ensuite au repas de Songô (du Zougô accompagné également
de sauce graine mélangée à la sauce arachide) que l’on partage dans la joie,
l’amitié et la cohésion. Après le repas de la mi-journée, la fête continue
autour de 15h par des grands rassemblements festifs aussi bien dans la cour du
chef central d’Amigno que chez celui de Gan. Plusieurs danses sont exécutées à
l’occasion de ces rassemblements, notamment le naya, le slaon et le gnagnango. Pour
la circonstance, tous les festivaliers sont badigeonnés de pâtes d’herbes sur
le visage, les bras etc. L’on assiste également à diverses ambiances des jeunes
déguisées en femmes, munis pour la plus part de feuillages et branchages de
maïs.
Pendant ce temps, du côté d’Amigno, le chef central et ses notables se réunissent en un endroit dit sacré, pour se concerter et décider de l’heure du départ dans la forêt sacrée du Songô. Dans leur disposition, les chefs s’asseyent en ligne verticale laissant le chef central au milieu, avec devant lui deux (2) enfants tenant des queues de bœuf et une cane symbolisant une poignée de main. Pendant que la concertation a lieu, le chef central envoi par trois (3) fois des hommes informer les chefs de Sogomeni et de Gan pour leur dire qu’il est l’heure de partir dans la forêt pour l’adoration. Au 3ème message, le chef Gan remet quelque chose à l’envoyé pour le chef central. A partir de ce moment, l’ordre est donné de converger sur le site de la cérémonie, dans la forêt sacrée. Mais avant de partir, l’on procède à un rituel de cris d’appels fait par deux (2) doyens tenant des queues de bœufs qu’ils balancent dans toutes les directions à chaque prise de parole. Trois cris sont lancés par l’un des doyens auxquels l’autre répond. C’est après la 3ème réponse que l’on se met en chemin pour la forêt sacrée. Après ces cris, le chef central prend place dans un hamac pour être porté jusqu’au lieu de la cérémonie dans la forêt sacrée.
Sur le chemin du départ, le cortège du chef central est précédé par le chef de Sogovagne qui conduit la délégation en tant que précurseur, suivi du chef de Zougouman. Le reste du public, toujours munis de leurs branchages et feuillages de maïs pour la plus part, marche derrière le chef central porté dans son hamac, accompagné des danses slaon et naya, dans une longue procession au son du tam-tam kilissi qui accompagne le chef dans la forêt. Bien avant le départ de la délégation du chef, un groupe de chasseurs guerriers est envoyé sur le site pour préparer et assurer la sécurité des lieux, suivi de jeunes gens mandatés pour ouvrir le chemin d’accès au site resté non pratiqué depuis la dernière entrée dans la forêt il y’a un an, c'est-à-dire à l’édition précédente du Songô. Il faut préciser que pour le départ dans la forêt, deux (2) chemins sont empruntés, notamment un (1) pour le cortège du chef central et un autre pour celui du chef Gan. Aussi, les participants sont tenus de ne pas changer de chemin au retour. L’accès à la forêt est ouvert à tout le monde, sauf le lieu sacré des rites qui n’est autorisé qu’aux deux (2) chefs (le chef central et le chef Gan) et leurs proches collaborateurs. Pour le rituel dans le bois sacré, deux (2) poulets, dont un (1) poussin, sont sacrifiés. Le poussin est apporté par le chef de Kiendi-Ba considéré comme ‘‘fils du chef’’ et le deuxième poulet par le chef Gan. La consommation de la nouvelle igname est normalement interdite avant l’évènement. Cette restriction s’applique fermement aux membres de l’entourage des chefs qui participent aux rites sur le lieu sacré. En ce qui concerne le reste du public ayant consommé l’igname, il doit se soumettre à des consignes des initiés sur place qui leur indiquent des lieux à ne pas franchir ou à ne pas regarder. Par ailleurs, sur le chemin, tous les branchages de maïs sont abandonnés en un endroit indiqué, car ils ne doivent pas arriver sur le site. Sur place dans la forêt sacrée, deux (2) sites d’animations sont crées dont l’un par le camp Gan et l’autre par le camp du chef central d’Amigno. Sur chacun de ces sites, on assiste à des chants et danses traditionnelles (le naya notamment) dans une ambiance festive.
Pendant que les animations ont lieu, le camp du chef central envoi une délégation saluer le camp Gan. En retour, le camp Gan va également saluer de l’autre coté. On assiste par ailleurs à une scène de défilés de guerriers des deux (2) camps qui se dépassent, en allant l’un dans la direction de l’autre. La scène est reprise trois (3) fois et au 3ème tour les deux (2) groupes se retrouvent en milieu de chemin pour danser, en signe de joie d’avoir retrouvé la sœur disparue. Six (6) personnes, à raison de trois (3) par camp, exécutent ce jeu qui symbolise la scène des recherches qui ont eu lieu à la disparition de la sœur du chef avant qu’elle ne soit retrouvée. Un indice est alors dressé pour marquer le site de croisade des chasseurs guerriers et donc là ou la sœur a été retrouvée.
Une fois tous les rites et festivités terminés, les mêmes rituels des cris d’appel sont répétés avant que les camps ne soient levés. Pour le retour au village, chacun est tenu de rester dans le cortège avec lequel il est venu. Aussi, deux (2) chemins sont indiqués dont un (1) pour les hommes et un autre pour les femmes. Toutefois, les femmes tenant un enfant de sexe masculin doivent emprunter obligatoirement le chemin des hommes. Par ailleurs, à un niveau de la route, les jeunes filles, avec des feuilles en main, se tiennent en file pour accueillir, dans la joie, les hommes considérés comme les héros ayant retrouvé la sœur disparue.
Le retour se fait également par la même procession de la foule derrière le chef central porté dans son hamac au son du tam-tam kilissi. A l’entrée de la place publique, le chef est descendu et débout dans son hamac, il procède à un rituel de bénédiction des enfants en leur touchant trois (3) fois le ventre avec son pied. La fête se poursuit sur la place publique avec le partage de la boisson du Songô faite à base de maïs. Mais avant, on procède à des échanges de nouvelles. Deux (2) types de nouvelles sont partagés. Il y’a d’abord le porte parole du chef central qui interroge les chasseurs-guerriers. Ensuite, ceux-ci demandent également les nouvelles au chef et sa suite. Tous ces rites sont suivis de danses traditionnelles telles que le naya, le téréré (danse des femmes) ainsi que des animations populaires jusqu’à l’aube, pour marquer la fin de l’évènement.
Pendant ce temps, du côté d’Amigno, le chef central et ses notables se réunissent en un endroit dit sacré, pour se concerter et décider de l’heure du départ dans la forêt sacrée du Songô. Dans leur disposition, les chefs s’asseyent en ligne verticale laissant le chef central au milieu, avec devant lui deux (2) enfants tenant des queues de bœuf et une cane symbolisant une poignée de main. Pendant que la concertation a lieu, le chef central envoi par trois (3) fois des hommes informer les chefs de Sogomeni et de Gan pour leur dire qu’il est l’heure de partir dans la forêt pour l’adoration. Au 3ème message, le chef Gan remet quelque chose à l’envoyé pour le chef central. A partir de ce moment, l’ordre est donné de converger sur le site de la cérémonie, dans la forêt sacrée. Mais avant de partir, l’on procède à un rituel de cris d’appels fait par deux (2) doyens tenant des queues de bœufs qu’ils balancent dans toutes les directions à chaque prise de parole. Trois cris sont lancés par l’un des doyens auxquels l’autre répond. C’est après la 3ème réponse que l’on se met en chemin pour la forêt sacrée. Après ces cris, le chef central prend place dans un hamac pour être porté jusqu’au lieu de la cérémonie dans la forêt sacrée.
Sur le chemin du départ, le cortège du chef central est précédé par le chef de Sogovagne qui conduit la délégation en tant que précurseur, suivi du chef de Zougouman. Le reste du public, toujours munis de leurs branchages et feuillages de maïs pour la plus part, marche derrière le chef central porté dans son hamac, accompagné des danses slaon et naya, dans une longue procession au son du tam-tam kilissi qui accompagne le chef dans la forêt. Bien avant le départ de la délégation du chef, un groupe de chasseurs guerriers est envoyé sur le site pour préparer et assurer la sécurité des lieux, suivi de jeunes gens mandatés pour ouvrir le chemin d’accès au site resté non pratiqué depuis la dernière entrée dans la forêt il y’a un an, c'est-à-dire à l’édition précédente du Songô. Il faut préciser que pour le départ dans la forêt, deux (2) chemins sont empruntés, notamment un (1) pour le cortège du chef central et un autre pour celui du chef Gan. Aussi, les participants sont tenus de ne pas changer de chemin au retour. L’accès à la forêt est ouvert à tout le monde, sauf le lieu sacré des rites qui n’est autorisé qu’aux deux (2) chefs (le chef central et le chef Gan) et leurs proches collaborateurs. Pour le rituel dans le bois sacré, deux (2) poulets, dont un (1) poussin, sont sacrifiés. Le poussin est apporté par le chef de Kiendi-Ba considéré comme ‘‘fils du chef’’ et le deuxième poulet par le chef Gan. La consommation de la nouvelle igname est normalement interdite avant l’évènement. Cette restriction s’applique fermement aux membres de l’entourage des chefs qui participent aux rites sur le lieu sacré. En ce qui concerne le reste du public ayant consommé l’igname, il doit se soumettre à des consignes des initiés sur place qui leur indiquent des lieux à ne pas franchir ou à ne pas regarder. Par ailleurs, sur le chemin, tous les branchages de maïs sont abandonnés en un endroit indiqué, car ils ne doivent pas arriver sur le site. Sur place dans la forêt sacrée, deux (2) sites d’animations sont crées dont l’un par le camp Gan et l’autre par le camp du chef central d’Amigno. Sur chacun de ces sites, on assiste à des chants et danses traditionnelles (le naya notamment) dans une ambiance festive.
Pendant que les animations ont lieu, le camp du chef central envoi une délégation saluer le camp Gan. En retour, le camp Gan va également saluer de l’autre coté. On assiste par ailleurs à une scène de défilés de guerriers des deux (2) camps qui se dépassent, en allant l’un dans la direction de l’autre. La scène est reprise trois (3) fois et au 3ème tour les deux (2) groupes se retrouvent en milieu de chemin pour danser, en signe de joie d’avoir retrouvé la sœur disparue. Six (6) personnes, à raison de trois (3) par camp, exécutent ce jeu qui symbolise la scène des recherches qui ont eu lieu à la disparition de la sœur du chef avant qu’elle ne soit retrouvée. Un indice est alors dressé pour marquer le site de croisade des chasseurs guerriers et donc là ou la sœur a été retrouvée.
Une fois tous les rites et festivités terminés, les mêmes rituels des cris d’appel sont répétés avant que les camps ne soient levés. Pour le retour au village, chacun est tenu de rester dans le cortège avec lequel il est venu. Aussi, deux (2) chemins sont indiqués dont un (1) pour les hommes et un autre pour les femmes. Toutefois, les femmes tenant un enfant de sexe masculin doivent emprunter obligatoirement le chemin des hommes. Par ailleurs, à un niveau de la route, les jeunes filles, avec des feuilles en main, se tiennent en file pour accueillir, dans la joie, les hommes considérés comme les héros ayant retrouvé la sœur disparue.
Le retour se fait également par la même procession de la foule derrière le chef central porté dans son hamac au son du tam-tam kilissi. A l’entrée de la place publique, le chef est descendu et débout dans son hamac, il procède à un rituel de bénédiction des enfants en leur touchant trois (3) fois le ventre avec son pied. La fête se poursuit sur la place publique avec le partage de la boisson du Songô faite à base de maïs. Mais avant, on procède à des échanges de nouvelles. Deux (2) types de nouvelles sont partagés. Il y’a d’abord le porte parole du chef central qui interroge les chasseurs-guerriers. Ensuite, ceux-ci demandent également les nouvelles au chef et sa suite. Tous ces rites sont suivis de danses traditionnelles telles que le naya, le téréré (danse des femmes) ainsi que des animations populaires jusqu’à l’aube, pour marquer la fin de l’évènement.
IV
– PORTÉE DE LA FÊTE
1
– L’intérêt de la célébration
La célébration du Songô s’inscrit dans
la dynamique du respect des Us et coutumes qui fondent les sociétés Africaines
en général et Ivoiriennes en particulier. Elle est un héritage ancestral
institué depuis la fondation du village et perpétué jusqu’à nos jours. De
manière plus objective, cette célébration recommandée pour l’intérêt du
village, est avant tout une fête de sanctification et de purification indispensable
pour rendre la vie des populations plus agréable.
Outre ses enjeux religieux, le Songô
apparaît comme le trait d’identité culturelle par excellence pour le village de
Yézimala et la plus grande forme d’expression culturelle des populations. Il se
veut un vecteur de promotion du patrimoine culturel du village aussi bien sous
sa forme matérielle qu’immatérielle, et participe à la richesse, la vivacité et
l’expressivité du patrimoine culturel de la région du Gontougo.
2
– Les enjeux socio-économiques
En terme d’apport socio économique, le
Songô s'offre comme un instrument de développement durable, car il revêt
diverses fonctions conformes aux principes du développement durable. Au plan
social, la célébration est une occasion de retrouvailles pour les populations.
Elle permet le brassage et le raffermissement des liens entre les populations dans
la perspective de l’union et la solidarité autour des objectifs de
développement du village. Elle favorise également le renforcement de la
cohésion sociale et la fraternité entre les populations. Au plan économique, la
mobilisation autour de la fête favorise le développement d’une diversité
d’activités temporaires notamment dans les domaines de la restauration, le
commerce de viviers. Aussi, en tant que fête de l’amitié, elle enseigne le
partage et la juste répartition des ressources entre les populations. Par
ailleurs, par les restrictions liées à la fête en ce qui concerne notamment
l’interdiction de consommer la nouvelle igname avant les rites, elle prévient
le gaspillage permettant ainsi aux nouvelles cultures d’être bien formées avant
d’être récoltées. Sur le plan environnemental, la fête participe à la promotion
de la biodiversité et la protection des espèces végétales notamment dans le
périmètre de la forêt sacrée où se déroulent les rituels, car une fois les
festivités terminées, l’accès au site est strictement interdit jusqu’à la
prochaine édition, ce qui favorise une conservation des ressources végétales du
site.
3 – Perspective de valorisation de la célébration
Dans la dynamique de la promotion et la
valorisation de la fête du Songô, les cadres se sont investis dans la
célébration au côté des autorités coutumières en s’appropriant l’organisation.
A cet effet, plusieurs activités ont été initiées autour de l'évènement dans le
cadre d’un festival dénommé « Songô Festival » institué depuis cette
année 2016. Ce festival d’une durée de trois (3) jours, vise à mobiliser toutes
les populations autour de la fête pour la rendre encore plus dynamique et
ouverte au reste de la région et de toute la Côte d’Ivoire.
Ci-dessous, d'autres images de la fête
Ci-dessous, d'autres images de la fête
Source: KOUAKOU Kouassi Maliret,
Conseiller A. d'Action Culturelle,
Direction Régionale de la Culture et de la Francophonie du Gontougo.
Direction Régionale de la Culture et de la Francophonie du Gontougo.
C'est avec un intérêt particulier que j'ai parcouru vos lignes accrocheuses par la qualité et la pertinence du fabuleux récit.
RépondreSupprimerVifs encouragements et merci pour votre contribution à la promotion de nos us et coutumes au reste du monde.
Tano Y. ADAYE
Merci beaucoup pour vos encouragements. Plus loin, nous irons, pour davantage de découvertes. Bien à vous.
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