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15 janv. 2012

LA MÉDIATION CULTURELLE, UN MÉTIER A DÉCOUVRIR


Définition de la médiation culturelle

la médiation et le médiateur
Selon le dictionnaire, la médiation consiste à «servir d’intermédiaire entre une ou plusieurs choses».
Ainsi, le travail de médiation consiste à établir un dialogue avec le public, il est ici question de liens à tisser. La médiation s’opère dans tous les milieux dans des situations très différentes ainsi l’on peut être le médiateur dans un groupe d’amis, de collègues, de voisins, …
Jean François Six dit de la médiation «c’est la relation entre deux, l’espace vide autour duquel on se rencontre, la table qui sépare et réduit, le troisième terme qui fait le lien, qui permet aux «deux» de trouver sens, l’un par l’autre.»
Ce qu’Étienne Leroy, anthropologue, dit de la médiation : «La médiation valorise la recherche de l'adhésion de l'acteur à une solution la plus consensuelle possible, limitant en cela considérablement l'intervention de la tierce partie. Au moins dans sa forme de base, tout paraît négociable dès lors que les choix des parties sont déterminés par le maintien ou l'approfondissement de leurs relations dans le futur.»
LE MÉDIATEUR
Sa définition à travers les siècles
La notion de «médiateur» est présente depuis bien longtemps dans notre histoire
, puisqu'on considère que le mot lui même appartient à la langue française depuis le XIIIème siècle. Et son sens n'a que peu évolué depuis : En 1314, Henri de Mondeville le définit comme «ce qui sert d'intermédiaire entre deux choses», et dans un texte de J. de Meun, on peut lire qu'il est «celui qui s'entremet pour créer un accord». Dans cette deuxième définition, on retrouve déjà, en plus de la notion de lien, l'idée d'arriver à l'entente de différentes parties. Cette idée de médiateur diplomate est d'ailleurs de plus en plus importante par la suite. En 1473, Beautemps-Beaupré, dans son ouvrage Coutumes et institutions de l'Anjou et du Maine définit le médiateur comme «celui qui intervient pour procurer un traité, une paix» L'aspect du médiateur «intermédiaire entre deux choses» se retrouve également dans la définition de la religion catholique, qui fait de Jésus le «médiateur entre Dieu et les hommes». Tout au long de l'histoire et de nos jours encore, le médiateur est donc défini comme une personne de dialogue entre des parties, un lien de communication, tendant vers une action de recherche d'entente, pour trouver un accord entre des opinions divergentes ou a priori incompatibles. On peut citer en ce sens Jean-Louis Lascoux, président du premier syndicat de médiateurs et auteur du premier ouvrage sur la formation des médiateurs professionnels :
«Le médiateur est indépendant de toute autorité, impartial et neutre, garantissant discrétion et confidentialité. Ce professionnel doit, outre une expérience professionnelle dans le domaine de la résolution des conflits, avoir reçu une formation garantissant aux parties qu'il sait mettre en œuvre les moyens effectifs pour proposer et maintenir la qualité du cadre de la médiation.»
Le médiateur culturel
Le médiateur est donc un spécialiste chargé des relations entre plusieurs choses ou plusieurs parties en désaccord, puisqu'il s'agit pour lui de trouver à changer cette situation en trouvant à établir une entente. Dans le domaine de la culture, il ne s'agit plus de diplomatie, d'opposition d'opinion, mais d'une distance entre la culture et ses acteurs, et les spectateurs de cette culture.
Le besoin est donc de faire un lien, de créer un dialogue entre ces deux sections, afin que les uns soient mieux compris et mieux approchés par les autres.
L'intérêt du médiateur culturel est d'assurer au plus grand nombre l'accès, aussi bien physique que social et intellectuel, à la culture. Il se doit d'être neutre, de n'être ni le défenseur, ni le détracteur d'aucune des parties, et si sa fonction le mène à guider les population vers la culture et l'art, il ne doit être ni juge ni avocat d'une part comme de l'autre.
Il doit faire se rencontrer une œuvre et son public, sans jugement de valeur pour l'auteur, sa réalisation, ou les spectateurs.
Et si en langue anglaise, on parle non pas de «médiation» mais «d'interprétation», le rôle du médiateur culturel n'en est que mieux défini : il s'agit de recevoir et d'interpréter ce qui émane des deux parts, public et offre culturelle, afin de concilier les deux. De plus, en terme de médiation artistique, le médiateur se fait l'interprète de l'art et des artistes pour une meilleure compréhension de la part des spectateurs.
Le métier de médiateur culturel
Il comporte plusieurs aspects, car les missions à mener touchent autant à la culture qu'au social, pour satisfaire les publics, qu'à l'économique pour les acteurs et structures culturelles sur lesquelles il travaille.
De plus, il s'agit avant tout d'un métier de communication, de langage, et il est donc soumis aux risques et aux pièges du discours. Cela nécessite une adaptation rapide en fonction des interlocuteurs, du cadre social de la médiation, et de la disposition des interlocuteurs auxquels il s'adresse.
En pratique, il étudie les publics de la culture, il conçoit des projets culturels et artistiques dans une logique d'accès au public concerné, et veille au bon déroulement de la mise en œuvre de ces projets et actions. Son but global est l'adéquation entre l'offre et la demande culturelle.
Il peut être appelé à intervenir sur l'un ou plusieurs de ces trois aspects en fonction des besoins du projet ou action. Il peut donc avoir la responsabilité totale ou partielle du projet, ou s'occuper simplement de tâches de terrain et de repérages des publics.
Le terme de médiateur ou de médiation dans d'autres domaines
On retrouve le concept de «médiateur» dans notre société au sein d'autres domaines que la culture. Et ces autres formes de médiateurs confortent la définition que l'on a donnée précédemment.
Le terme de médiateur institutionnel existe depuis quelques temps. Il s'agit d'une personne nommée par une institution, un organisme, une entreprise, ou toute autre structure, dans le but de régler des litiges et des conflits. Les rôles de ces médiateurs sont aussi divers que le nombre de structures qui les nomment. Ce sont elles qui créent la fonction du médiateur, et décident de son rôle précis. On peut trouver des médiateurs de la SNCF ou au sein d'une entreprise pour régler les désaccords entre employeurs et employés
En droit administratif principalement, le Médiateur de la République est un poste très important : sa mission est d'aider les citoyens ayant des différends avec l'administration de l'État, des Collectivités Locales, ou de tout organisme de service public. Il permet de résoudre les conflits de manière plus simple qu'en passant par un tribunal. Son rôle peut également être de conseiller les services de l'administration à travers la résolution de conflit, car il est habilité à faire des recommandations aux autorités compétentes pour régler les problèmes et à suggérer des propositions, afin d'améliorer leur qualité.
L'aspect « diplomatique » du médiateur se retrouve donc entièrement dans cette instance.
Dans la sphère philosophique, la médiation est l'action de servir d'intermédiaire entre un terme ou un être duquel on part, et un terme ou un être auquel on aboutit.
En psychologie, elle est le processus par lequel une connaissance sensorielle se transforme en une donnée intellectuelle (Théorie de la médiation).
Les formes de la médiation, la question du public
Lorsque l'on parle de médiation culturelle, on est dans un processus éducatif ; on met en liaison des éléments qui, ainsi agencés, feront ressortir une évidence qui n'est pas automatiquement visible. On parlera d'éducation "informelle" dans ce sens qu'elle n'est ni obligatoire, ni contrainte à un programme ou à une validation d'acquis.
La médiation correspond à un impératif à la fois social et politique.
La médiation culturelle est par essence un processus de mise en œuvre sociale ; elle fédère l'art et le public dans le seul but d'apprendre et d'apprécier. Elle regroupe l'ensemble des actions qui visent à réduire l'écart entre l'œuvre, l'objet d'art et de culture, les publics et les populations. Le recours à cette médiation souligne la rupture sociale et culturelle intervenue dans les institutions et une catégorie de la population, tout en cherchant à la combler. Elle est aujourd'hui un mode particulier d'intervention d'une institution vers un public et tend même à être un mode de régulation sociale ; présence sociale de proximité, travail de ré-appropriation des normes et de re-création de liens sociaux... La médiation culturelle se propose en fait d'agir comme une pédagogie de la vie sociale.
La médiation est le moyen permettant d’ouvrir la culture à une population qui n’a pas reçu les clefs nécessaires à son accès. Il y a donc un impératif politique lié à la médiation. Il s’agit pour le médiateur de tisser un lien entre la culture et le public visé en définissant les critères sociaux, économiques ou géographiques qui l’en éloigne. Étant donné que c’est aux institutions publiques que revient ce devoir citoyen, le médiateur devra directement travailler en relations avec elles afin d’accomplir sa mission. Il s’agit donc ici d’une politique de démocratisation qui aborde les problématiques actuelles de ségrégations sociales. Elle cherche à éloigner l’aspect élitiste que l’on associe souvent au monde de la culture.
Le public vers lequel tend la médiation culturelle est flou. Groupe ou individu, la médiation, pour être effective, doit être réactive et adaptée au public. De là, on distingue deux médiations différentes :
§  la médiation directe : le médiateur est présent, il se met en scène et s'appuie sur le public. Il doit savoir observer et anticiper les réactions des individus et en fonction, décider de réajustements éventuels, de changements de rythme, de modifications de parcours... Il doit pouvoir appréhender les différentes dynamiques de groupe.
§  la médiation indirecte : dans ce cas, ce seront des propositions que les visiteurs pourront utiliser ou non en parcours libres. La médiation indirecte s'adresse à des publics potentiels qui utiliseront à leur guise et leur rythme des informations sur support (fiche d'aide à la visite, jeu sur support papier, vidéo ou autre...). Elle doit savoir anticiper les réactions des différents publics pour adapter à la fois ses contenus, ses supports et ses démarches et ainsi rester la plus pertinente possible.
Le rôle de la presse et des autres médias
Les médias, outil du médiateur, diffusent l’information qui permettra de mettre en avant les objets de la culture dans l’espace public. Par le biais des médias, les évènements deviennent des sortes de symboles populaires. De ce fait, la collectivité acquiert des marques d’identité, cela permet la sociabilité car elle donne des éléments en commun à chacun d’entre nous. Ces médias qui véhiculent les informations constituent alors les formes de médiation culturelle. C’est par elle que nous nous reconnaissons les uns les autres. Les informations appartiennent désormais à notre savoir collectif.
Les missions de la médiation
Nécessité de la médiation
Comme vous avez pu le lire plus haut, la médiation culturelle est un processus qui permet la mise en relation et surtout la réduction de l’écart entre une personne et une œuvre. La communication, l’action socio-culturelle et l’action culturelle font partie de la médiation.
- La communication est un courant unilatéral de transfert de l’information qui donne le ton de la structure ou de l’événement, elle comprend tous les moyens mis en œuvre pour faire passer l’information. Les objectifs de la communication sont de faire connaître, d’accroître la visibilité et d’assurer la promotion d’un établissement, d’un événement.
- L’action socio-culturelle regroupe les actions menées par des médiateurs, des animateurs, ainsi que toutes les personnes qui travaillent dans des maisons de la culture, des maisons de quartiers, des maisons des jeunes, des associations… L’action socio-culturelle, par l’intermédiaire des acteurs précédemment cités, cherche à favoriser les pratiques amateurs tant dans le cadre des loisirs que des activités sociales (ateliers d’alphabétisation, de re-socialisation…). Cette action qui s’adresse aussi bien aux jeunes comme aux plus vieux, se déroule dans un lieu particulier (MJC, maisons de quartiers…) qui a un objectif social déterminé. Il s’agit, en effet, principalement de faire connaître et reconnaître les minorités sociales. Ces objectifs font partie d’un processus de mise en œuvre sociale, dont l’action principale est l’acculturation c'est-à-dire l’ensemble des phénomènes résultant du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes et entraînant des changements dans les types culturels de l’un ou l’autre de ces groupes ou des deux. (Déf. « Acculturation » du Grand Dictionnaire Hachette). Les centres socio-culturels, et donc l’action culturelle, trouvent leur origine dans l’animation sociologique dans années 50-60. A l’époque, de grands ensembles se sont construits dans les périphéries, là où de grands groupes culturels se sont mis à vivre ensemble. Par la suite, l’arrivée des ruraux, des anciens combattants, de quelques groupes d’ouvriers, constitua la deuxième grande période de l’exode rural. Ces changements ont provoqué la création de centres socio-culturels dont les objectifs étaient de créer un groupe uni et capable de vivre ensemble.
- L’action culturelle est un moyen mis en œuvre pour mettre en relation des créations contemporaines avec l’ensemble des populations d’un territoire dans le but de permettre à chacun de maîtriser la réalité culturelle de son environnement et d’en comprendre la réalité artistique. L’objectif de l’action culturelle est la démocratisation culturelle, une philosophie centrale dans le modèle français de politique culturelle mis en place sous André Malraux au ministère des Affaires culturelles dans les années 60. Cette conception de la politique culturelle peut se définir, en référence aux termes du décret du 24 Juillet 1959, comme « l’ambition de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de français ». Cette conception a donc pour objectif de réduire les freins à la fréquentation des œuvres du patrimoine et de la création contemporaine, notamment à travers la mise en œuvre d’un programme d’aménagement culturel du territoire, dont les maisons de la culture et la politique de décentralisation théâtrale demeurent des symboles. Par ailleurs, l’action socio-culturelle cherche davantage à développer la démocratie culturelle, une idée qui s’est développée et diffusée en France dans les milieux de l’art et de la culture, dans le sillage de mai 1968. Cette conception fonde une stratégie politique alternative, très présente dans le monde anglo-saxon.
Cependant, il est important de notifier que l’action culturelle soulève quelques problèmes. En effet, l’action culturelle des pouvoirs publics s’est trouvée confrontée à un dilemme très bien résumé par le slogan « Égalité d’accès à la culture ». Cela soulève deux revendications culturelles :
- comme nous pouvons le voir dans les travaux de Bourdieu, l’accès à la culture est très largement synonyme de privilège ;
- le fait que la qualité en art soit de mesurer le degré d’avant-gardisme, exclut les non-initiés.
Pour faire face à ces deux revendications, quatre politiques ont été pratiquées :
- la première consistait à nier le problème en laissant faire les choses sans intervenir, ce qui a eu tendance à provoquer l’exclusion ;
- la seconde rejetait également le problème mais cette fois de façon volontaire car elle avait décrété qu’il n’y avait pas de raisons que la culture n’aille pas à tous. Cette politique a connu quelques réussites mais aussi quelques échecs, notamment le sentiment d’indignité de ceux qui ne possédaient pas les repères, les clés de compréhension nécessaires pour comprendre des œuvres plus difficiles ;
- la troisième a fait l’opposé des deux premières ; on la compare à une fuite en avant. En effet, elle utilise le sentiment d’indignité évoqué précédemment comme une valeur positive et non plus négative, c'est-à-dire qu’elle revendique le droit à la différence en faisant l’éloge de la culture populaire.
D’un côté, cette politique valorise des formes d’expression authentiques, d’un autre côté, elle enferme les plus démunis dans leur dé privation puisqu’elle réduit l’art à une « culture », au sens de loisirs.
- la quatrième et dernière politique pratique également une sorte de fuite en avant, non pas dans le populisme, mais dans l’élitisme. Cela se traduit pas la favorisation de l’avant-garde sans prêter intérêt à la démocratisation. Cette politique flatte la classe dominante et prestigieuse, mais exclut les moins favorisés.
Nous venons donc de voir les différents éléments constitutifs de la médiation culturelle, néanmoins il est très important de ne pas confondre médiation culturelle et animation.
Médiation et animation
On parle de "formation à la médiation" et non pas de "formation de médiateur" pour une bonne et simple raison : ne pas faire miroiter de possibles nombreux emplois comme cela a été le cas pour animateur.
Il est important de définir les termes d’animateur et de médiateur. Un animateur se situe davantage du côté des publics tandis que le médiateur se préoccuperait davantage de l’œuvre et il crée un rapport entre l’œuvre et les publics.
Le métier de médiateur prend tout son sens dans le domaine artistique et culturel. Qu’il s’agisse de sensibiliser ou d’initier des publics, de former des praticiens amateurs, la médiation est nécessaire pour assurer le passage de l’œuvre au public.
Nous pouvons également dire que l’animation s’exerce davantage dans l’action socio-culturelle.
Qualités et compétences d’un médiateur
La mission du médiateur est de permettre l’accès à la culture pour le plus grand nombre d’individus. Dans ce métier, le champ social cohabite avec celui de la culture. Étant donné qu’il s’agit d’un métier verbal, le médiateur doit donc être sensible à tous les pièges du langage. Il doit donc :
§  avoir un réel intérêt pour la culture,
§  être apte à communiquer avec tous les publics (initiés ou non, artistes, amateurs…),
§  faire preuve de tact,
§  être enthousiaste ;
§  être dynamique,
§  avoir l’esprit d’initiative,
§  être créatif,
§  pouvoir s’adapter à toutes les situations et cela assez rapidement,
§  être ouvert d’esprit,
§  avoir une large culture générale,
§  avoir des compétences en langues étrangères, en gestion de projet, en marketing culturel…
On peut donc dire pour conclure que les médiateurs culturels sont des spécialistes chargés de la relation entre toutes les formes d’art, de culture ou de patrimoine et toutes les populations. Il leur incombe de donner du plaisir, des outils de lecture, de provoquer l’envie d’en faire davantage, de côtoyer le monde et l’environnement culturel qui entourent les différents publics.

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